Interview de Marc Amblard - CEO de EFQM


Interview CEO de l’EFQM
Marc Amblard

L’EFQM vue par son nouveau CEO …



Propos recueillis par Patrick Iribarne
Mars 2013



PI> Vous avez été nommé CEO de l’EFQM en Septembre 2012. Quelques six mois après cette nomination, quelle est votre vision sur le positionnement de l’EFQM et son avenir ?

Marc Amblard> La façon dont vous percevez une organisation dépend de votre background. Pour ma part, j’ai vécu et étudié aux Etats-Unis et l’essentiel de mon parcours s’est déroulé dans les industries de l’automobile et du transport : PSA, Valéo, Renault, Alstom Transport notamment. Durant ces années, j’ai travaillé à la fois dans le domaine opérationnel avec le développement, la production et la commercialisation de produits et dans le domaine de la stratégie avec le montage de joint ventures et la construction et la mise en oeuvre de stratégies corporate et produits.
Partant de ces expériences, ma vision de l’EFQM est que nous vivons un grand changement depuis environ 2005. Jusqu’à cette date, les organisations publiques et privées venaient à l’EFQM de manière spontanée et l’activité se développait naturellement. Depuis, le contexte économique a changé et de nouvelles approches se sont installées telles que le lean, le six sigma, etc. Le résultat a été une érosion des membres et une baisse d’activité en Europe. Pour compenser, mes prédécesseurs ont développé les activités hors Europe et amplifié le volet formation. Aujourd’hui, nous sommes une équipe d’une vingtaine de personnes, plutôt jeune, motivée et très internationale (7 nationalités). Pour repartir dans une phase de développement, nous devons accélérer les efforts visant à apporter à nos membres plus de valeur ajoutée, à accroître la valeur d’usage du modèle pour les utilisateurs et à gagner encore en notoriété et en image, tout cela avec un focus européen.
Quelle stratégie pour l’EFQM ?

PI> Quelle est aujourd’hui la stratégie de développement de l’EFQM ? Quels en sont les leviers ?

Marc Amblard> Nous avons construit une stratégie fondée sur quatre piliers. Le premier consiste à élargir la communauté des utilisateurs de notre modèle d’Excellence, apporter plus de valeur ajoutée à nos membres, accroitre le partage de bonnes pratiques entre membres et gagner encore dans la pertinence des assessments. Ceci nécessite une meilleure compréhension des attentes tant de nos membres que des utilisateurs potentiels. Dans ce but, nous avons engagé des actions concrètes comme l’organisation d’évènements de proximité, l’emploi systématique d’évaluateurs encore plus expérimentés pour effectuer les assessments ou la mise en place d’un CRM.
Le deuxième pilier consiste à approfondir la collaboration avec nos partenaires. Nous pouvons renforcer notre activité collective en tirant tout le parti possible de la communauté EFQM globale et en partageant les bonnes pratiques en son sein. Nous allons aussi développer des partenariats dans les pays encore peu ou pas couverts de sorte à accroitre notre pénétration européenne.
Le troisième pilier concerne l’Union Européenne. Nous voulons être associés aux projets liés à la recherche de compétitivité de notre économie et impliquer les leaders des institutions européennes dans la
valorisation et la promotion des démarches d’excellence. Déjà, Herman Van Rompuy, président du Conseil Européen, appuie explicitement la mise en oeuvre des démarches EFQM et nous travaillons avec cinq institutions européennes sur des projets concrets.
Le dernier pilier est à vocation interne puisqu’il s’agit de travailler sur nos processus et notre efficacité. Dans cette optique, nous avons un objectif de reconnaissance R4E 4 étoiles cette année.

PI> S’agissant du positionnement de l’EFQM en France et de la stratégie locale, quelle est votre vision ? Pourrions-nous saisir des opportunités et des exemples à suivre depuis d’autres pays européens ?

Marc Amblard> La situation de l’EFQM en France se caractérise par un retard certain en termes d’activité, mais aussi de perception globale de l’excellence. Il y a aujourd’hui une absence quasi totale de support de la part des instances de l’Etat et l’accent est trop souvent mis sur la diminution des coûts du travail ou le volet social quand on parle de compétitivité. Une approche holistique et dynamique de la performance, telle que proposé par l’EFQM, a ici toute sa place. Je pense que la situation de l’économie et de l’industrie française justifie aujourd’hui un effort marqué pour déployer des démarches d’excellence.
Y a-t-il des opportunités à saisir ? Oui, sans aucun doute. Par exemple, le rapport Gallois contient des pistes intéressantes et un discours nouveau fondé sur des démarches profondes et durables. Les exemples de l’Allemagne ou de l’Angleterre peuvent également être sources d’inspirations. En Allemagne notamment les pouvoirs publics sont mobilisés, avec la remise du prix EFQM à Berlin par le ministre de l’Economie et un engagement très actif des membres allemands dans la fondation et la communauté EFQM.
Cependant, les choses bougent en France depuis un an avec des animations sur le terrain comme les clubs de benchmark, le développement des activités « amont » nécessaires pour développer l’image et la notoriété telles la diffusion des témoignages d’utilisateurs, la valorisation des bonnes pratiques ou l’organisation d’évènements, etc. Je dois aussi souligner l’élan donné par notre partenaire AFNOR. Nous constatons déjà les retombées de ces actions avec une augmentation des prévisions d’activité. Nous sommes sur le bon chemin et le potentiel de développement est fort.
Les « Actus » de l’EFQM

PI> Quels sont les prochains évènements proposés par l’EFQM ?

Marc Amblard> En lien avec notre credo « share what works » et notre volonté de proximité, nos évènements sont orientés vers les échanges de bonnes pratiques et les formats courts d’échanges. Par exemple, nous organisons des « Executive Roundtable » sur des thématiques ciblées qui permettent à une vingtaine de dirigeants d’échanger en mode « peer to peer ». Nous proposons également des Webinars et des « Good Practices Visit » avec les mêmes objectifs pour des groupes plus larges. Une conférence organisée conjointement entre AFNOR et EFQM à Paris le 20 mars s’inscrit aussi dans cette démarche.
Les prochains évènements programmés sont des « Good Practice Visits » chez Bosch , Coca Cola, BMW, une série de Webinar sur « New Ways of Working » ou encore une compétition de bonnes pratiques sur ce même thème. J’espère voir beaucoup d’organisations françaises participer à ces évènements.

Propos recueillis par Patrick Iribarne, Mars 2013